La végétation de Mayotte - Le mont Choungui
Sommaire :
Le cas particulier du Mont Choungui
Le Mont Choungui (584 m) n'est pas seulement une originalité géologique, géomorphologique et paysagère qui frappe le visiteur qui l'aperçoit. C'est aussi une originalité phytogéographique et végétale étonnante. Si l'étagement de la végétation suit d'abord un schéma attendu pour la région sous le vent du sud de l'île, les horizons supérieurs tranchent considérablement avec les végétations des zones humide et submontagnarde présentes à des altitudes équivalentes et sur les mêmes substrats phonolitiques dans les massifs du Bénara et du M'Sapéré.
Ceci tient a priorià la conjonction des paramètres suivants :
- isolement au sein du versant sous le vent de la partie sud de l'île soumise à de fortes influences sèches des régions côtières ;
- ventilation importante et presque constante du dôme fortement saillant au-dessus d'un relief faible de collines ondulées ;
- concentration fréquente de nuages s'accrochant sur les hauteurs du dôme provoquant une pluviosité annuelle supérieure à 2000 mm (PASCAL 2000) et apportant une tonalité submontagnarde renforcée par l'effet d'altitude (584 m) ;
- importance des affleurements rocheux, des pentes fortes et des parois subissant fortement les effets de l'érosion.
Ces paramètres concourent à une remontée sensible des étages, notamment sur les versants les plus chauds et lorsque les conditions édaphiques contribuent à la xéricité générale (éboulis, sols rocheux…). Ils tendent à générer sur les sommets du dôme du Choungui une ambiance à tonalité xéro-submontagnarde combinant les effets de l'altitude, la pluviosité élevée, la ventilation permanente et le contexte général asséchant.
Cette ambiance est bien différente de celle des crêtes du Bénara et du M'Sapéré que l'on peut qualifier à l'opposé d'hygro-submontagnarde.
L'unicité de cette situation xéro-montagnarde, l'isolement du relief, la permanence de fourrés ouverts et pionniers sur les secteurs les plus xériques ont largement prédestiné le Choungui pour fonctionner comme un inselberg (O. PASCAL parle d'une île dans l'île) et devenir un microcentre d'endémisme à lui tout seul. Aujourd'hui trois endémiques ont été reconnus avec certitude sur le sommet du dôme : Ivodea choungiensis[Rutaceae], Cassipourea ovata[Rhizophoraceae], Psiadia pascalii[Asteraceae], mais la liste n'est peut-être pas close [Une quatrième espèce endémique y avait été signalée : Oncostemonsp. nov. [Myrsinaceae] (PASCAL 2000), mais cette mention n'a pas été confirmée ; F. BARTHELAT, comm. or., signale des populations peut-être originales d' Aloesur les parois rocheuses du versant sud]. Ceci est exceptionnel compte tenu des surfaces concernées ne dépassant pas trois hectares ! On peut ajouter à ce bilan un cortége d'espèces indigènes n'existant à Mayotte que sur le Choungui, comme Microcoelia macrantha[Orchidaceae], une orchidée aphylle xéro -saxicole, Malleastrum depauperatum[Meliaceae] , Syzygium cordatum[Myrtaceae], Buxus madagascariensis[Buxaceae], Rapanea comorensis[Myrsinaceae] qui semblent indiquer également une fonction refuge du Choungui.