La végétation de Mayotte - Zone subhumide

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Zone subhumide

La zone subhumide est caractérisée par la forêt sèche dominée par les types foliaires caducifoliés, néanmoins nous préférons utiliser le vocable de "subhumide" pour désigner la zone, en guise de cohérence avec la typologie zonale utilisée à Madagascar (KOECHLIN & al. 1997). Elle apparaît approximativement avec des précipitations inférieures à 1300 mm et prend une extension importante sur le piémont des versants sous le vent. Inversement dans le nord-ouest de l'île, la zone subhumide est à peine perceptible sur quelques franges côtières (pointe d'Handréma, bordures basses de la forêt de Sohoa…). Elle concerne par contre la totalité de Petite Terre et des îlots côtiers qui parsèment le lagon.

La marque végétale de la zone subhumide est sa forêt caducifoliée claire et les fourrés secs qui lui sont associés. L'architecture et les liens floristiques des forêts sèches sont étroitement apparentés à la forêt caducifoliée du domaine occidental de Madagascar. Tout comme pour la flore de la zone humide, la flore semi-xérophile de la zone subhumide est particulièrement diversifiée et typée. Citons parmi les espèces les plus marquantes : Commiphora arafy, Poupartia gummifera, Diospyros natalensis, Mimusops comorensis, Erythroxylum lanceum, Borassus aethiopicum, Macphersonia gracilis, Vanilla humblotii

Le trait phénologique essentiel de la zone est la caducifoliaison de la végétation. L'hiver austral, de juillet à octobre, constitue une période sèche défavorable pour beaucoup de végétaux qui n'ont trouvé d'autres solutions pour maintenir un équilibre hydrique dans leurs tissus, que de se séparer de leur appareil photosynthétique, c'est-à-dire leur feuillage. Cette périodicité marquée se retrouve dans d'autres climats où existe une période de stress hydrique défavorable aux métabolismes biologiques, comme l'hiver (risque de gel des tissus) dans la région eurosibérienne. La stratégie sempervirente reste rare dans la zone subhumide de Mayotte ( Mimusops comoriensis), tandis que des types épineux apparaissent ( Strychnos spinosa). Même quand manque la flore indigène de la zone subhumide, la flore introduite conserve globalement les mêmes adaptations physiologiques et le caractère caducifolié ( Woodfordia fruticosa) ou semi-sempervirent ( Lantana camara) reste de mise.

Ainsi, les paysages végétaux de la zone subhumide inscrits dans cette rythmicité de foliaison/défoliaison au cours de l'année sont facilement identifiables et concourent à une appréhension aisée de cette zone.

Quand on parcourt les territoires du sud de l'île, on est frappé par la répartition côtière du Baobab ( Adansonia digitata). Cette lisibilité très forte dans les paysages de la répartition du baobab n'est pas un fait isolé. D'autres végétaux traduisent la même relation avec le trait côtier : Cycas thouarsii, Pandanus associatus, Turraea virens… La présence régulière d'un fourré xérophile stabilisé dans les situations côtières les plus sèches (îlots côtiers, Rassi Maoussi, Pointe de Sazilé, etc.), déjà signalée par PASCAL (1997, 2000), est un argument supplémentaire qui plaide à la reconnaissance d'une originalité côtière de la zone subhumide.

Deux essences symboles de la zone subhumide du sud de l'île : Adansonia digitata, le Baobab (à gauche) [Promontoire de Sazilé, 12/08/2004], Borassus aethiopicums.l., le Rônier d'Éthiopie (à droite) [Mlima Sazilé, 22/01/2005, photos V. BOULLET]

Comme dans d'autres régions de bord de mer, il semble donc exister à Mayotte une frange adlittorale possédant un certain degré d'originalité végétale traduisant des conditions de sécheresse édaphique et physiologique (action desséchante des vents marins). Nous parlerons à son propos de sous-zone adlittorale de la zone subhumide.