Sommaire :

Le Conservatoire Botanique National et Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement de Mascarin (CBN-CPIE Mascarin) est une Association Loi 1901 dont les principales activités sont la connaissance et l’évaluation de la flore sauvage et des habitats naturels, la conservation des éléments rares et menacés de la flore sauvage et des habitats naturels, l’appui technique et l’expertise auprès des services de l’Etat et des collectivités territoriales et la sensibilisation des publics aux enjeux de connaissance et de conservation du patrimoine végétal.

Créé en septembre 1986, le Conservatoire Botanique de Mascarin obtient un agrément « Conservatoire Botanique National » en 1993 pour La Réunion puis en 2007 pour Mayotte et les Iles Éparses. L’Association obtient en 2002 le label de Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement de Mascarin (CPIE) pour le territoire de La Réunion.

L’Association est la seule structure à détenir l’agrément CBN et le label CPIE sur l’ensemble des Territoires d’Outre-Mer.

Le CBNM a son siège à Saint Leu (La Réunion) et deux antennes régionales (Iles Éparses et Mayotte).

L’antenne de Mayotte

Historique

Bien que des missions ponctuelles aient eu lieu auparavant, c'est à partir de 2004 que des contacts soutenus liaient le Conservatoire Botanique National de Mascarin et le territoire de Mayotte notamment dans le cadre d'assistance à projets.

Ces relations de plus en plus étroites et le travail entamé ont permis au CBNM d'étendre son agrément à Mayotte en 2007 et marquait le début du développement d'une antenne locale. L'année 2009 est marquée par l'ouverture de l'antenne locale du CBNM à Coconi et par le transfert de l'herbier de Mayotte en provenance de la DAF.

L’équipe

L’antenne de Mayotte est actuellement constituée de 4 salariés : deux chargés de mission, un technicien et un service civique.

 

Chargés de mission « connaissance et conservation de la flore et des habitats »

Abassi DIMASSI (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)

Pilier de la connaissance de la flore mahoraise, Abassi est particulièrement chargé des missions de prospection, d’inventaire floristique et de récoltes de diaspores. Il contribue activement à l’identification des taxons. Il pilote également différents projets :

>> Démarche d’aménagement urbain avec des plantes indigènes (DAUPI)
>> Restauration des padzas avec des plantes indigènes

Sébastien TRACLET (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)

En tant que conservateur de l’herbier de Mayotte, Sébastien est responsable de sa gestion et son alimentation mais également fortement impliqué dans l’identification des taxons en relation avec les systématiciens des herbiers internationaux. La polyvalence de Sébastien lui permet d’intervenir également sur des projets de conservation des espèces, de cartographie des habitats et de restauration des milieux. Il est également le point focal UICN pour les espèces exotiques envahissantes (EEE) végétales de Mayott. Enfin, il coordonne la mise en œuvre de différents projets :

>> Stratégie de lutte contre les espèces exotiques envahissantes (EEE) végétales
>> Projet sur la flore méconnue de Mayotte
>> Projet sur les bryophytes de Mayotte
>> Projet de coopération inter-régionale avec les herbiers des Comores

Technicien botaniste ex-situ

Abdermane ABDALLAH (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)

En charge de la gestion des semences (récolte, stockage, préparation), de leur mise en culture (tests de germination, semis, étiquetage, arrosage, rempotage, désherbage), du suivi du développement des plants en pépinière et de l’entretien du jardin. Il participe également aux récoltes et à la saisie numérique des données.

Service civique

Rémi CAILLETEAU (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)

Rémi est très impliqué dans le projet sur la flore méconnue de Mayotte. Il participe activement à la gestion de l’herbier, la saisie des parts en base de donnée et le montage des planches. Il participe aux récoltes de terrain et au inventaire de manière ponctuelle pour alimenter l’herbier et augmenter les connaissances générales.

L’équipe accueille régulièrement des stagiaires du Bac Professionnel au Master.

Les missions

Dans le cadre de son agrément ministériel « Conservatoire Botanique National », les missions assurées par l’antenne de Mayotte du CBNM s’articulent autour de 4 axes :

  • Connaissance et évaluation de la flore sauvage et des habitats naturels
  • Conservation des éléments rares et menacés de la flore sauvage et des habitats naturels
  • Expertise
  • Sensibilisation des publics aux enjeux de connaissance et de conservation du patrimoine végétal naturel

Connaissance et évaluation de la flore sauvage et des habitats naturels

Origine et composition de la flore

L’index de la flore vasculaire (Trachéophytes) de Mayotte [version 2016.1 // mise à jour du 16/12/2016] recense 1295 espèces dont 708 espèces indigènes.

Avec une superficie de 377 km2, Mayotte possède ainsi une richesse spécifique parmi les plus élevées de la planète avec 1.88 espèces au km2, ce qui justifie son appartenance au 34ème « hotspot » de biodiversité mondiale constitué de Madagascar et des îles du Sud-Ouest de l’Océan Indien.

La flore indigène mahoraise possède une forte affinité malgache. En effet, les alizés, les courants marins et les oiseaux permettent un apport de diaspores en provenance de Madagascar situé à environ 350 km de Mayotte.

Du fait de son insularité, le territoire mahorais compte également de nombreuses espèces endémiques, dont 65 espèces endémiques de l’archipel des Comores et 48 espèces endémiques strictes de Mayotte.

D’autres espèces indigènes mahoraises ont une répartition plus large.

Menaces

La Liste Rouge de la flore vasculaire de Mayotte établie en 2014 a permis d’attribuer à chaque espèce indigène une catégorie de menace. 43% de ces espèces sont ainsi menacées à des degrés divers (CR, EN, VU, NT).

Par exemple, l’espèce Foetidia comorensis, en danger critique d’extinction (CR), n’est connue que d’une unique station de la commune de Bandrélé.

Du fait de l’augmentation constante de la population, la pression démographique est très forte sur le milieu naturel mahorais et la déforestation est la première cause de disparition des espèces. Les reliquats de végétation naturelle (mangrove, forêt humide, forêt sèche) couvrent aujourd’hui moins de 5 % de la surface de l’île.

Les espèces exotiques végétales envahissantes (EEE) représentent la seconde menace sur la végétation indigène de l’île.

Inventaires ZNIEFF

Grâce au Système d’Information Géographique Mascarine Cadetiana, alimenté dans le cadre de l’ambitieux programme de l’Atlas de la flore vasculaire de Mayotte, le CBNM a pu délimiter les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) du département en s’appuyant sur l’inventaire des espèces déterminantes (rares, menacées, endémiques).

Habitats naturels

>> Dans le cadre de la réalisation des cahiers d’habitats naturels de Mayotte, 41 sites et 70 habitats littoraux ont été décrits. Le cahier des habitats littoraux de Mayotte a été finalisé en 2018.
>> Une cartographie et description des habitats fine et complète a été réalisé par le CBNM en 2017 sur la réserve naturelle nationale de Mbouzi.
>> Dans le cadre du plan de gestion du CDL de la zone Saziley-Charifou, le CBNM a réalisé en 2018 la cartographie des habitats de 920 hectares de la zone d’étude.


Conservation des éléments rares et menacés de la flore sauvage et des habitats naturels

Collections conservatoires ex-situ

Le CBNM possède à ce jour une collection de 127 espèces indigènes en culture, dont 61 espèces menacées et 8 espèces en danger critique d’extinction.

Cette pépinière est le résultat d’un minutieux travail de récolte et de préparation des semences, de semis et d’élevage des plants. Ce travail permet de développer des itinéraires techniques de production (ITP). Chaque plant produit possède un numéro d’accession renseignant sur son origine et garantissant sa traçabilité. L’ensemble des informations recueillies est capitalisé au sein d’une base de données informatiques.

Restauration de milieux naturels

Le CBNM est engagé dans des projets de reboisement des forêts sèches et des arrières-mangroves avec des espèces indigènes, en partenariat avec le Conservatoire du Littoral.

Un projet expérimental de reboisement des padzas (zones érodées) avec des espèces indigènes est également lancé, en partenariat avec l’Office National des Forêts (ONF). Il a pour objectif de proposer une alternative aux espèces exotiques envahissantes (ex : Acacia mangium) utilisées précédemment.

Notamment dans le cadre des Plans Directeurs de Conservation élaborés par le CBNM, un partenariat avec la Réserve Naturelle Nationale de l’îlot Mbouzi a permis le renforcement de populations d’espèces menacées (ex : Lagrezia comorensis).

Stratégie de lutte contre les Espèces Exotiques Envahissantes (EEE)

La stratégie développée par le CBNM intègre des actions de prévention de l’introduction des EEE, de détection précoce des invasions, de lutte et de communication.


Expertise

Le CBNM peut être sollicité pour la réalisation d’études (ex : délimitation des zones humides de Mayotte), de diagnostics sur les enjeux floristiques d’aménagements (ex : stand de tir de la Police Nationale dans l’ancienne carrière de Doujani) ou de contre-expertises d’études d’impacts (réhabilitation de la piste rurale de Mavingoni).


Sensibilisation des publics aux enjeux de connaissance et de conservation du patrimoine végétal naturel

Le CBNM a mis en œuvre un projet de sensibilisation des enfants à la préservation des mangroves avec des écoles primaires.

Le CBNM a mis en place un réseau d’arboretums scolaires nommé ARBOMAORE avec des écoles, des collèges, des lycées et l’Université de Mayotte. Les élèves et leurs enseignants sont ainsi sensibilisés aux plantations indigènes, notamment d’espèces médicinales, mellifères ou ayant d’autres usages traditionnels.

L'extension du label CPIE (Centre Permanent d'Initiatives à l'Environnement), en projet pour Mayotte, permettra d'accentuer cette mission envers l'ensemble des publics mahorais.

Enfin, dans le cadre de la conservation d’une espèce extrêmement rare à Mayotte, Foetidia comorensis, la CBNM a mis en place des panneaux informatifs et sensibilisé les villageois et scolaires de Mtsamoudou par une réunion publique et la distribution de tee-shirt en 2017.